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9 janvier 2011 7 09 /01 /janvier /2011 00:59

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Le capitaine Paul Watson de Sea Shepherd est très, très énervé. Alors qu'il guerroie au beau milieu de l'Antarctique contre les baleiniers japonais, il a l'impression que l'organisation rivale abhorrée, Greenpeace, retire tous les marrons du feu. Ainsi, en début de semaine dernière, Carole Gaessler (présentatrice du 19/20 de France 3) attribuait des images de son affrontement avec les baleiniers harponneurs à... Greenpeace. Le vieux pirate, qui fut, en son temps, un des fondateurs de Greenpeace, en a marre de rester dans l'ombre de cette dernière. Déjà, son exploit méditerranéen, l'été dernier, d'ouvrir une cage de thons rouges capturés illégalement est souvent attribué à... Greenpeace.

Ce qui renforce sa fureur, c'est que, depuis quelques semaines, l'organisation "ennemie" a lancé une grande campagne pour faire appel aux dons afin de sauver les baleines, alors qu'elle n'a envoyé aucun navire en Antarctique. Il a donc chargé Lamya Essemlali, la présidente de la branche française de Sea Shepherd, de monter au front pour mieux faire connaître leur action. La jeune femme a donc accordé au Point une interview pour exprimer son ressentiment à l'égard de Greenpeace. Elle ne mâche pas ses mots.

 


 

Simultanément, entre deux affrontements avec les baleiniers, Paul Watson a pris sa plus belle plume pour écrire un texte au vitriol (que Le Point.fr publie ci-dessous). Mais cet abordage contre une organisation normalement "soeur" étonne. Pourquoi tant de haine ? Ce n'est pas dans l'habitude des ONG environnementales de se tirer dans les pattes. C'est plutôt même contre-productif. Certes, Greenpeace n'envoie plus ses navires en Antarctique depuis quelques années, mais elle poursuit une politique de lobbying auprès du président américain Barack Obama, estimant que, poussé par l'opinion publique, celui-ci pourrait exercer une pression efficace sur le gouvernement japonais afin de faire cesser sa chasse à la baleine, prétendument scientifique. C'est une stratégie parfaitement complémentaire à celle développée par Sea Shepherd. Il n'y a pas de quoi se faire la guerre. 

Mais ce n'est pas l'avis du capitaine Watson. La lettre qu'il nous a adressée du fin fond de l'océan australe :

En tant que cofondateur de la fondation Greenpeace, je suis quelque peu inquiet de voir que les dirigeants de Greenpeace sont en train de perdre le sens des réalités. Greenpeace n'envoie plus de bateau dans l'océan Austral pour défendre les baleines. Au lieu de ça, ils ont inventé un jeu vidéo permettant de sauver virtuellement des baleines. Pourquoi se déplacer jusqu'aux côtes reculées, hostiles et gelées de l'Antarctique, quand il est possible de sauver des baleines sans bouger de votre salon en jouant au jeu Sauvez les baleines de Greenpeace ? D'ailleurs, sachez que si vous envoyez un don à Greenpeace aujourd'hui, cette organisation s'engage à envoyer une authentique petite baleine en papier au président Barack Obama de votre part.

Voici ce qu'affirmait dernièrement Greenpeace :

"Il y a trente-cinq ans, Greenpeace devenait la première organisation à affronter les flottes commerciales de baleiniers en haute mer."

Et aujourd'hui, voici ce qu'ils font :

"Si vous faites un don aujourd'hui, l'équipe de Greenpeace et moi-même enverrons une baleine en papier à la Maison-Blanche de votre part. Et nous ferons en sorte que tout le monde soit témoin de votre soutien en diffusant les images de ces baleines en papier tout autour du monde." Signé : John Hocevar, directeur de la campagne Océans de Greenpeace

Bob Hunter et moi-même avons été les premiers à nous interposer entre huit cachalots et un bateau harpon soviétique ; à l'époque John Hocevar avait à peine quatre ans. Toutes les personnes qui étaient avec nous ce jour-là ont quitté Greenpeace. Alors John peut continuer à clamer que Greenpeace a été la première organisation à s'opposer à la chasse commerciale baleinière et à s'inclure lui-même dans ce combat originel, mais moi je peux témoigner du fait que ce sont mes camarades de l'époque les pionniers de ce combat. Parce que nous avons vu de nombreuses baleines mourir et parce que nous avons failli mourir nous-mêmes, nous restons très attachés à la cause des baleines.

C'est pour toutes ces raisons que la banalisation de ce que nous avons fait, et continué à faire pendant trois décennies et demie, me met hors de moi. Pour nous, les baleines ne sont pas une abstraction !

Il y a quelques années, John Hocevar écrivait également ceci :

"J'attends avec impatience le jour où, à l'occasion de la journée mondiale des océans, je pourrai me relaxer en buvant une bière, en étant sûr que les océans vont bien. J'espère sincèrement que cela ne nécessitera ni voyage dans le temps, ni escapade intergalactique."

Non, il semblerait que, pour John, cela implique seulement des jeux vidéo et des baleines en papier.

Pourquoi est-ce que tout cela me contrarie ? Parce qu'à l'heure actuelle, Sea Shepherd envoie trois navires et quatre-vingt-huit volontaires dans l'océan Austral. Nous sommes déjà présents là-bas et nous y attendons les braconniers, prêts à défendre les baleines vulnérables. Nous ne sommes pas rentrés à la maison pour Noël, nous n'avons pas célébré la nouvelle année avec nos amis et notre famille, et nous ne jouons pas à sauver les baleines en traquant des chasseurs virtuels sur un écran d'ordinateur.

Nous ne dépensons pas d'argent dans des campagnes d'e-mails massives et nous n'envoyons pas des recruteurs, payés, dans les rues des plus grandes villes du monde pour qu'ils soutirent des dons aux passants. Et ce, sachant que cet argent servira dans une large mesure à rémunérer ces recruteurs de donateurs. Les fonds de Sea Shepherd sont dépensés dans nos campagnes parce que je sais, depuis déjà plusieurs années, qu'il y a deux types d'organisations : celles qui agissent et celles qui vous arrosent d'e-mails !

Fut un temps, Greenpeace faisait partie des organisations qui agissaient, qui envoyaient des bateaux, qui bataillaient, qui se salissaient les mains, qui étaient efficaces et qui sauvaient les baleines d'une morte certaine. Désormais, c'est une organisation bureaucratique qui fait du mailing, une organisation basée sur le paraître, qui collecte de l'argent et qui fabrique maintenant des baleines en papier !

Pendant que Greenpeace fait cela, pendant que John se relaxe en buvant une bière, nous sommes en train de traquer des baleiniers qui n'ont rien de virtuel. Cela fait sept ans que nous passons les fêtes aux confins de la planète pour défendre les baleines. Nos bateaux coûtent très cher et nous n'avons pas assez d'argent pour sillonner l'océan et intervenir partout où nous voudrions le faire. Nous bataillons pour acheminer nos bateaux, les ravitailler en carburant et en nourriture. Parallèlement, la machine à lever des fonds ultra-efficace de Greenpeace collecte des dizaines de millions de dollars en clamant que vos sous leur serviront à "sauver les baleines".

Et que font-ils ? Ils envoient des baleines en papier au président des États-Unis ! Pas au Premier ministre ou à l'empereur du Japon, ou au chef du gouvernement d'Islande, de Norvège ou du Danemark, mais au président d'un pays qui est déjà opposé à la chasse commerciale et qui a banni tout commerce de viande de baleine sur son territoire.

Alors qu'est-ce qui est dérangeant dans ce tableau ? Leur réponse est complètement déconnectée de la réalité. Et pour cause, cette campagne est avant tout un moyen pour Greenpeace de récupérer de nombreux dons à moindres frais. Pourquoi dépenser des centaines de milliers de dollars en carburant, en équipements et en provisions quand on peut faire sous-traiter à moindres frais auprès d'entreprises de mailing l'envoi de petites baleines en papier au président des États-Unis ?

J'imagine le président des États-Unis décrocher son téléphone : "Salut Naoto, excuse-moi, mais pourrais-tu rappeler à l'ordre tes chasseurs de baleines et tes massacreurs de dauphins, s'il te plaît ? Je suis complètement submergé de petits pliages en forme de baleine que l'on m'envoie par la poste. Très franchement, M. le Premier ministre, il faut faire quelque chose, je n'en peux plus. Je sais que je n'ai pas à vous donner d'ordre, Naoto, mais Greenpeace insiste pour que je vous demande d'arrêter de tuer les baleines et les dauphins. Apparemment ils n'apprécient pas que Sea Shepherd vous donne des ordres et bloque vos bateaux. Ils disent que si vous n'arrêtez pas ce massacre, ils vont m'envoyer toujours plus de ces agaçants petits trucs en papier, et, s'ils continuent, je vais finir par avoir Al Gore sur le dos à cause de tout ce gâchis de papier et je n'ai vraiment pas besoin de ça, Naoto."

Début septembre, Sea Shepherd a mis en place une équipe à Taiji, au Japon, et nous entendons bien rester jusqu'à fin mars, période à laquelle s'achève la saison des massacres. Greenpeace n'a pas mis un pied à Taiji pour s'opposer aux tueries de dauphins et considère que ces massacres relèvent de la "tradition" et se justifient de fait. Sea Shepherd est présent dans l'archipel des Galapagos (classé patrimoine mondial de l'humanité par l'Unesco) depuis 1999 où nous travaillons en collaboration avec les rangers pour stopper le braconnage et le massacre des requins pour leurs ailerons. Greenpeace ne s'est jamais intéressé à la pêche aux ailerons de requin. Greenpeace ne fait rien non plus pour sauver les phoques ou pour arrêter la pêche illégale. Et Greenpeace est encore moins présent ici, dans l'océan Austral, où le massacre des baleines pourrait commencer dès la semaine prochaine. Ils ont des bateaux. Ils ont les ressources, mais ils sont trop occupés à lever des fonds ou à accrocher des banderoles quelque part.

Ce n'est pourtant pas faute de les avoir appelés à l'aide. Je leur ai exprimé notre souhait de coopérer et je leur ai dit que nous leur ferions parvenir les coordonnées des baleiniers dès que nous les aurions localisés, mais ils refusent ne serait-ce que de nous répondre. Je n'ai même pas eu le droit à une de leurs petites baleines en papier en guise de lot de consolation. Pourtant, puisqu'ils semblent convaincus que ces baleines en papier suffiront à pousser le président des États-Unis à prendre des mesures contre le Japon, ils auraient pu au moins m'en envoyer une pour me calmer.

Non, ils ne veulent pas de vos dons pour financer un bateau et un équipage chargé d'intervenir contre les baleiniers. En revanche, votre don permettra d'envoyer une petite baleine en papier à votre nom au président des États-Unis.

Tout ce que je sais, c'est que je suis sur un bateau dans l'océan Austral et que les vagues fouettent la coque pendant que j'écris, assis sur ma chaise qui balance d'avant en arrière. Le vent hurle au dehors et, en ce moment même, quelque part sur l'océan, la flotte baleinière japonaise se dirige tout droit vers le sanctuaire baleinier de l'océan Austral, déterminée à tuer plus d'un millier de baleines.

Et où est John ? Il se relaxe en buvant sa bière, probablement après la très coûteuse fête de Noël de Greenpeace. Et le jour de Noël, quand il coupera la dinde et mettra quelques cuillères de farce dans son assiette, il sourira, se réjouissant d'être chez lui pour fêter Noël en famille. Et ce, grâce à Greenpeace qui a remplacé les véritables bateaux et la vraie passion par des jeux vidéo et des jeux de pliage.

Bien joué John ! Très bien joué !

Source: link

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